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Une fanfiction est une manière pour la culture de réparer les dégâts commis dans un système où les mythes contemporains sont la propriété des entreprises au lieu d'être celle du peuple.
 
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 La patiente (nouvelle)

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3 participants
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bibi

bibi


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MessageSujet: La patiente (nouvelle)   La patiente (nouvelle) EmptyVen 4 Jan - 0:21

Ceci est une nouvelle portant sur un sujet délicat : l'homosexualité féminine. Je vous rassure, il n'y a pas de scène"hard". Masi je préfère prévenir.

Bonne lecture !



La patiente








- Bonjour.
- Bonjour docteur.

Elle me serra la main et je la fis entrer dans mon bureau. La grande baie vitrée orientée plein sud nous faisait profiter des quelques rayons de soleil hivernal, ce qui était rare en ce moment. Mon sourire devint chaleureux voyant que la femme ne se sentait pas à l’aise.

- Je vous en prie, dis-je en lui montrant de la main le sofa.

Elle me sourit faiblement et s’empressa d’aller s’asseoir sur le confortable meuble tandis que je la suivis en m’attardant au passage à mon bureau pour chercher mon bloc note. Mes yeux étaient capables de déceler chez les gens leurs gestes traîtres. Chez elle : tics nerveux, gestes saccadés, sueurs abondantes… On voyait bien que ce n’était pas dans ces habitudes d’aller voir un psychologue.

Il faut dire que ma profession attirait la crainte chez les êtres humains normaux. Nous étions ceux qui s’occupaient des « fous ». Ce que j’entendais à chaque fois que j’évoquais mon métier m’enflammait au début, et je répliquais vertement à celui qui l’avait dénigré. Maintenant, j’abordai un sourire moqueur, presque compatissant. Ceux qui riaient de moi ne connaissent pas le bien qu’éprouvaient certaines personnes à venir me voir. Et quand je me rendais compte que j’avais aidé quelqu’un dans le besoin, j’étais presque étonnée de voir à quel point cela pouvait être important pour eux d’être simplement écouté.

Je jetai un coup d’œil rapide au bloc note sur lequel j’avais écris les nom et prénom de mes clients pour me remémorer les siens. Je commençai à observer, discrètement cela va sans dire, la personne qui était venue me trouver.

La petite trentaine, à peu près dans mes âges, cheveux châtains clairs avec des reflets blonds artificiels, yeux marrons foncés ; une femme ordinaire comme on en croise souvent dans les rues. Tout à fait ordinaire, mais avec une expression troublante, comme si elle avait luté contre elle-même avant de venir.

Finalement, je repoussai cette impression au fond de mon cerveau et vins m’asseoir en face d’elle, dans un fauteuil. Je remontai mes lunettes rectangulaires pour me redonner contenance et plantai mon regard dans celui de la femme en face de moi.

- Je vous écoute.

* * *
*


Eberluée. J’étais vraiment éberluée. Mes yeux fixaient un point invisible sur le mur blanc. Dans ma tête, tout se bousculait, je ne savais même plus où j’étais. Sortant de ma léthargie qui avait dura quand même une dizaine de minutes, j’essayais de faire le point en faisant les cent pas dans bureau. Mes mains passaient dans mes cheveux sans m’en rendre compte, la sueur perlait sur mon visage, je me sentais fiévreuse et terriblement mal.

Car cette femme m’avait apporté quelque chose en quoi je ne croyais plus. Car j’avais vraiment aimé. Car elle était plus proche de moi que n’importe qui. Car elle était celle qui manquait à ma vie…

* * *
*


- Je vous écoute

Je lui souris pour l’encourager à me parler de ce qu’elle avait sur le cœur. Mal à l’aise, elle commença à bouger sur le sofa où elle était assise. Je voyais bien qu’elle n’osait pas croiser mon regard, cela m’avait frappé dès qu’elle était entrée quelques minutes auparavant. Elle se tordait les mains, en prise à des gestes incontrôlés. Finalement, je pris la parole en première.

- Je m’appelle Catharine. Vous pouvez me tutoyer si vous voulez, demandais-je doucement.

Elle sursauta quand elle entendit mes paroles. Je n’avais pas élevée la voix de peur de l’effrayer encore plus, mais me voir parler normalement l’avait presque traumatisé et elle leva ses yeux remplis d’appréhension vers moi. Mon regard du se charger de curiosité car un sourire tremblant lui échappa.

- Vous devez me trouver stupide… Commença-t-elle en baissant la tête en palissant.
- Pourquoi vous trouverai-je stupide ? Lui demandai-je, un peu satisfaite de lui avoir arracher quelques mots.

Elle ne répondit pas, se contentant de me regarder dans les yeux cette fois-ci. Sa réserve avait laissé place à une détermination, ce qui me laissa un peu perplexe. Je ne fis rien, jusqu’à ce qu’elle se lève du sofa pour commencer à marcher lentement vers la porte. Elle s’arrêta à un mètre de la sortie et je priai pour qu’elle fasse demi-tour. À contrecœur je devais bien avouer qu’elle m’intriguait un peu, beaucoup même.

* * *
*


Car cette femme m’avait apporté quelque chose en quoi je ne croyais plus. Car j’avais vraiment aimé. Car elle était plus proche de moi que n’importe qui. Car elle était celle qui manquait à ma vie…

Mes émotions remontaient à la surface et des perles salées coulèrent sur mes joues, brisant les barrières de mes yeux. Des sanglots me firent trembler au plus profond de mon être, cela ressemblait beaucoup à un adieu pour un cœur brisé. Je m’enfonçai dans le fauteuil le plus usé de la pièce en tweed prune pour essayer de ne pas émettre le moindre son.

Quand mes larmes se tarirent, il ne me restait plus que le regret de n’avoir rien fait, une colère noire et froide envers moi-même. La douleur de la séparation était encore sourde. Je fermai les yeux quelques minutes, et le chagrin aidant, je tombai dans un sommeil profond.

* * *
*


Elle ne répondit pas, se contentant de me regarder dans les yeux cette fois-ci. Sa réserve avait laissé place à une détermination, ce qui me laissa un peu perplexe. Je ne fis rien, jusqu’à ce qu’elle se lève du sofa pour commencer à marcher lentement vers la porte. Elle s’arrêta à un mètre de la sortie et je priai pour qu’elle fasse demi-tour. À contrecœur je devais bien avouer qu’elle m’intriguait un peu, beaucoup même.

Un long soupir lui échappa. Lentement, elle se retourna vers moi et me lança un regard à vous fendre le cœur. Au bout de longues secondes, elle parla.

- Savez-vous qui je suis ?

Sa voix sans timbre résonna dans la pièce silencieuse et résonna dans mon corps. Cette question me surpris quelque peu, mais étant formée pour se sortir de toutes les situations, mon visage resta inexpressif.

- Vous êtes ma patiente.
- Non. Je veux dire…réellement.

Cette fois-ci, je ne puis empêcher mes sourcils de se froncer. Que voulait-elle dire par cette phrase ? Je restai silencieuse.

Elle me regardait comme si elle était perdue au milieu d’un monde inconnu. Le trouble qui m’avait pris la première fois que je l’avais vu revint encore plus fort.

- Vous ne me connaissez pas, c’est ça le problème des thérapeutes de notre époque, lança-t-elle d’une voix monotone. Vous croyez savoir ce que je ressens, mais vous n’en savez rien. Non, absolument rien !

Je ne pouvais que la fixer silencieusement. Les mots restaient bloqués dans ma gorge nouée et je les ravalais. Je l’écoutais donc, elle continuait sa tirade d’une voix égale.

- Je me hais. Voilà, c’est ça la vérité. Je me hais car je n’ai pas su dire « je t’aime » ! Pathétique non ? Me demanda-t-elle en me regardant.

Son regard vide qui se perdit ensuite par-delà la baie vitrée recouverte de buée. Je sentais que ce n’était pas facile pour elle d’évoquer ce passage de sa vie. Elle continua toujours de cette voix monocorde, et je baissais la tête.

- Oui, je n’ai pas su lui dire trois petits mots qui auraient pu changer notre vie. Qui auraient su changer notre vie ! Trois petits mots peuvent contenir un avenir de bonheur le saviez-vous docteur ? Mais moi, je les ai gardé pour moi, égoïste de nature. Et mon cœur s’est alors brisé. J’ai pris la fuite, ne sachant pas comment affronter ces sentiments.

Le silence me fit redresser la tête. La douleur poignante rendait ses mots touchants, ses gestes empreints de mélancolie. Je ressentis alors une grande sympathie pour cette femme.

* * *
*


Quand mes larmes se tarirent, il ne me restait plus que le regret de n’avoir rien fait, une colère noire et froide envers moi-même. La douleur de la séparation était encore sourde. Je fermai les yeux quelques minutes, et le chagrin aidant, je tombai dans un sommeil profond.

Quand je me réveillai, mes paupières étaient encore lourdes et ma tête jouait du tambour. Regardant ma montre, je vis qu’il était dix heures. Heureusement qu’on était dimanche et que j’avais toujours un thermos de café noir dans mon bureau.

Je me levai tel un zombie et me dirigeai vers le tiroir qui renfermait ce liquide. Je bus quelques gorgées à même la bouteille sans me préoccuper de la tasse qui était fournie avec. Finalement, je repris le contrôle de mon corps et sus ce qu’il me restait à faire.

Sortant le plus vite possible de l’immeuble, j’entrai dans ma voiture, une BMW gris métallisée. Je bouclai ma ceinture en quatrième vitesse et démarrai en trombe, sachant le peu de temps qu’il me restait.

* * *
*


Le silence me fit redresser la tête. La douleur poignante rendait ses mots touchants, ses gestes empreints de mélancolie. Je ressentis alors une grande sympathie pour cette femme.

- Non, vous avez raison. Je ne vous connais pas. Mais j’aimerais réellement mieux vous connaître, essayai-je.

Un sourire fleurit sur ses lèvres amères. Je sentais qu’elle allait me dire quelque chose qui n’allait pas me plaire.

- Moi, je vous connais mieux que personne, le saviez-vous ? Je sais que vous adorez aller chez Barnet le vendredi soir, je sais que vous pleurez facilement devant un film romantique. Je sais aussi que vous portez une nuisette pour dormir, que vous prenez votre douche tous les matins à heure fixe et que votre meilleur ami s’appelle Justin, qu’il est marié, que sa femme s’appelle Marie et que les jumeaux se nomment Julien et Danaïdes.

Son sourire s’effaça devant ma mine épouvantée. Comment savait-elle ça ? C’était ma vie privée ! La vérité me sauta alors aux yeux : elle me suivait, il n’y avait pas d’autre explication.

- Pourquoi ?

Ma voix tremblait et ça la troubla. Elle se mit à se tordre les mains, comme si elle semblait mal à l’aise. « Ce qui était vraisemblablement le cas » pensai-je.

- Parce que… Parce que je n’ai pas su dire trois mots.

Sans attendre un geste de moi, elle s’approcha doucement, s’agenouilla pour se retrouver à ma hauteur et m’embrassa sur la bouche. En un premier temps, je ressentis un profond dégoût pour le geste en lui-même, un geste plutôt intime entre deux femmes. Mais je me rendis compte qu’elle n’était pas brusque et que je pouvais arrêter le baiser quand je voulais.

Le baiser en lui-même était doux et très tendre, je ressentis un bien-être immédiat. Sans m’en rendre compte, j’ouvris mes lèvres. Elle sembla surprise mais approfondit son baiser tendis que je passais mes bras autour de son cou.

Quand elle desserra son étreinte, je la repoussai un grand coup. Je me rendis compte alors de l’énormité de la chose. Une femme m’avait embrassé, et j’avais adoré. Mon Dieu, qu’avais-je fait ?

Je gardai la tête baissée, n’osant pas croiser son regard. J’avais honte de mon comportement. Je l’entendis se relever, et se diriger vers la porte. Elle s’ouvrit puis se referma sur quelques mots.

- Si vous voulez me joindre, vous savez où me trouvez.

* * *
*


Sortant le plus vite possible de l’immeuble, j’entrai dans ma voiture, une BMW gris métallisée. Je bouclai ma ceinture en quatrième vitesse et démarrai en trombe, sachant le peu de temps qu’il me restait.

Je relis le petit bout de papier qu’elle m’avait laissé et que je connaissais déjà par cœur. Son adresse, où du moins je l’espérais. Mon pied poussa sur l’accélérateur encore un peu. Je ne rêve plus que de la revoir, de ressentir encore un fois le sentiment de plénitude que j’ai ressenti quand elle m’a embrassé. Je voulais essayer, même si je m’étais toujours considéré comme hétérosexuelle. Je le voulais au plus profond de moi.

J’arrivai devant sa porte en courant dans la neige fondue et boueuse, sans me soucier de ce que pouvaient penser les gens autour de moi. Essoufflée j’appuyai sur la sonnette qui retentit de l’autre côté de la porte et me mottai encore lus dans mon manteau. Je priais pour qu’elle soit là. Enfin, la porte s’ouvrit.

La bonne trentaine, à peu près dans mes âges, cheveux châtains clairs avec des reflets blonds artificiels, yeux marrons foncés. C’était elle. Quand son regard croisa le mien, je puis y lire de la surprise et une pointe… d’espoir. Je souris un peu gauchement face à la lumière qui s’échappait de son visage quand elle comprit pourquoi j’étais là.

Elle m’invita d’un geste de la main à entrer dans sa maison, ce que je m’empressai de faire. Aucun mot n’avait été prononcé encore, mais j’allais essayer de lui faire dire ces trois petits mots qui avaient bouleversé ma vie. Peut-être même allais-je y répondre, quand le temps sera venu.



FIN
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Azkadellia Elbereth
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MessageSujet: Re: La patiente (nouvelle)   La patiente (nouvelle) EmptyLun 30 Juin - 9:38

Ce texte est super bien qu'un peu déstabilisant. Je ne parle pas du sujet choisit mais des scènes du futur intégrées dans le récit, on ne comprend pas d'où elles sortent mais c'est ça qui est bien!!!
J'ai prit beaucoup de plaisir à lire cette petite nouvelle rouaroum
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allis
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MessageSujet: Re: La patiente (nouvelle)   La patiente (nouvelle) EmptyLun 30 Juin - 14:55

Waouh !
J'ai vraiment adoré lire cette nouvelle... Plus que les deux précédentes.
La structure est vraiment intriguante. On n'est jamais vraiment sûr de tout comprendre et c'est vraiment déstabilisant. Cela donne envie de lire plus, d'aller encore plus loin. Jusque la fin.

C'est très bien écrit et du coup très agréable à lire Wink
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