Ma première nouvelle, j'en ai écris six en tout. Je les posterai si celle-là plait. Bonne lecture !
Comment lui dire ?
Me voilà donc seule face à cette feuille blanche, suçotant mon crayon d’un air songeur. Comment vais-je commencer ma lettre ? Je toussotai pour éclaircir ma voix et me tournai vers mon miroir accroché dans ma chambre. Je commençai donc à parler, rompant le silence de la pièce.
- Cher Baptiste… Non, trop formel ! Hum, disais-je en suçotant à nouveau mon crayon. Salut Baptiste ! Comment vas-tu ? M’écriai-je en levant une main avec un sourire sur les lèvres.
Finalement, je regardai la surface réfléchissante, morne. C’était… Indescriptible ! J’hésitais entre pathétique et désolant. En gros, ce n’était pas la meilleure idée qui m’ait traversé l’esprit pour l’instant.
C’est que mon ami de toujours, Baptiste, allait déménager dans la semaine et j’avais envie de lui laisser un petit souvenir de moi. À par mon père, il a été le seul homme de mon entourage proche. Je n’ai eu que deux sœurs et il a remplacé le frère que je rêvais d’avoir.
Soudain, j’eus un flash : je savais où trouver de l’inspiration. Dans ma maison, ma chambre est située au sous-sol car construite il y a peu, je suis donc séparée du reste de la maison par un escalier. Le franchissant en quatre pas, je me retrouvai dans le couloir. Un bruit familier s’échappait du salon : Adélaïde regardait la télévision. Je passai devant elle et pris le disque de Maxime le Forestier « Essentielles ». Passant ma main dessus pour le dépoussiérer, je cherchai la chanson qui m’intéressais et la trouvai. Finalement, je quittai le salon après m’être disputé avec ma chère sœur pour un de ses programmes inutiles et je retrouvai le calme de ma chambre avec un soupir de soulagement.
Je me dirigeai sans hésiter vers mon lit pour grimper dessus et ainsi atteindre ma minichaîne. Elle se mit en route et j’introduis le disque doucement. Sélectionnant la dernière chanson, je m’allongeai sur mon lit pour pouvoir savourer à son juste titre cette chanson.
Toi, le frère que je n’ai jamais eu
Sais-tu si tu avais vécu
Ce que nous aurions fait ensemble
Un an après moi tu serais né
Alors on se s’rait plus quitté
Comme deux amis qui se ressemblent
En vraie mélomane, cette chanson m’enveloppa dans un cocon de nostalgie. Des images venaient troubler doucement ma vision : je nous revoyais enfants. Baptiste et moi nous faisant copieusement gronder par nos parents respectifs après une énième bêtise, notre première gorgée de bière d’abord, de vodka ensuite, le première bouffée de tabac, nos escapades nocturnes dans la douceur des nuits d’été, nos feux de camps avec d’autres copains et copines dans le bois. Comment ferais-je sans lui ?
On aurait appris l’argot par cœur
J’aurais été ton professeur
À mon école buissonnière
Sûr qu’un jour on se serait battu
Pour peu qu’alors on ait connu
Ensemble la même première
Je l’écoutai dans un silence religieux : qu’est-ce que j’aimais cette chanson ! Mais je me trompais, l’inspiration ne vint pas ce soir-là. Même si elle m’avait fait revivre mon passé en traversant le temps, je n’avais toujours pas trouvé les bons mots. Un silence persistant s’installa dans ma chambre et je m’aperçus que la chanson était finie. Je regardais mon radio réveil : vingt-trois heures. Mes yeux se fermaient tout seul, je me mis en pyjama, éteignis la lumière et tombai dans un sommeil peuplé de rêves mêlant Baptiste, déménagement et ma famille.
* * *
*
J’abatis ma main sur mon réveil et ouvris péniblement mes yeux encore ensommeillés : sept heures. Je déteste l’école ! Je regardais le calendrier accroché à mon mur et tournai d’un geste machinal la feuille de papier, passant d’hier à aujourd’hui. Je me figeai : on était le 19 mars ! Demain Baptiste déménageait à l’autre bout du monde avec 0,1% de chance de revenir ! Moi qui croyais qui me restait du temps… Heureusement qu’on était mercredi et que j’avais mon après-midi de libre.
La matinée passa très vite. Baptiste s’était donné la peine d’aller au lycée pour dire au revoir à sa classe et à ses autres copains. J’étais restée en retrait, l’observant très attentivement. Je voyais qu’il souriait extérieurement, mais qu’au fond de lui, il pleurait. C’est difficile de quitter ceux qu’on a toujours connu pour un autre pays, une autre culture. Il partait en Inde, son père en étant originaire. Nous le connaissions depuis longtemps, il nous avait maintes fois raconté ses souvenirs de là-bas et combien il aimerait y retourner pour y vivre.
Finalement, au lieu de rester avec lui pour son dernier jour, je dus m’atteler à cette lettre qui me faisait mal au cœur. La musique en sourdine m’aidait à me concentrer et je cherchais comment lui dire ce que j’avais sur le cœur. C’est beaucoup plus dur qu’il n’y parait au premier abord, mais je lui ai promis un souvenir impérissable de moi. Exprimer mes sentiments n’a jamais été une partie de plaisir, c’est même bien quelque chose que je déteste. Mais là, je suis pathétique. Non, désolante ! Franchement, ne pas réussir à décrocher un mot en trois jours, il faut vraiment le faire. Un soupir de découragement s’échappa de mes lèvres. Des larmes me picotaient les yeux, et je levai la tête tout en battant rapidement des cils pour éviter de pleurer. Mon cœur allait exploser sous l’effet de la tristesse qui l’enserre. Demain, jour fatidique.
Soudain j’eus une illumination. Allongée sur mon lit, je contemplais les étoiles phosphorescentes collées à mon plafond quand une étincelle s’est allumée dans ma tête. Je savais comment et quoi écrire, tout en simplicité, sans aucune fioritures. Je me dépêchai d’aller m’asseoir à mon bureau, sortis mon stylo plume et commençai à écrire.
Quand j’eus fini, je me levai et la contemplai de haut : cette lettre était la plus belle que je n’avais jamais écrite. Elle dépeignait mes sentiments, dévoilait mon cœur pour lui.
« Baptiste,
Je t’aimerai toujours, mon ami, mon frère.
Pauline »
FIN
Mars 2007
(Pour le concours de l’association Encre vive en partenariat avec la ville de Cholet sur le thème : Mon ami, mon frère)
Accueil 
S'enregistrer 
