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Une fanfiction est une manière pour la culture de réparer les dégâts commis dans un système où les mythes contemporains sont la propriété des entreprises au lieu d'être celle du peuple.
 
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 My own private Carliste

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Mr. Lip Despair

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MessageSujet: My own private Carliste   My own private Carliste EmptyMar 23 Déc - 21:57

Samedi 3 Janvier 1957
Je ne me rendis compte que bien plus tard: le fait même d'oublier son accoutrement de gueux seulement en croisant ses yeux fut le premier signe de ma décadence. Ma décadence. Ses yeux. Ils étaient gris. Ils étaient bleus. Je me surpris dès les premiers instants à être troublé rien que par son ombre. Septembre les masquait, sous on tas de feuilles chaotiques. A l'image de ma pensée. A l'image de ses cheveux. Mais elle était bien là, longue et majestueuse, l'ombre du poète si jeune, du jeune si beau, du beau idéal, de l'idéal fléau. Elle grandissait au fur et à mesure de mes découvertes. Il avait seize ans, il était pauvre, il était sale, il parlait mal, il était beau. Il était ce que j'aurais voulu être, il voyait ce que je voulais voir, il contait ce que j'aurais voulu conter mais malgré toutes ces raisons la naissance de la frustration et de la jalousie n'eut pas lieu. Pas à cet instant là. Je lui pardonnais tout pour peu qu'il veuille m'accorder son attention sans me rendre compte que j'étais le seul qui veuille bien lui en accorder.


Septembre - 1855

Charles Lancieux descendit les escaliers avec précipitation. Ils étaient en marbre, faits par un artisan de grand talent qui avait gravé avec soin, sur chaque coin droit d'une marche, un vers ou un citation que l'écrivain avait indiqué. Il se souvient avoir eu quelque problèmes avec la seizième marche car l'artisan s'était trompé d'orthographe. Charles avait, après une mûre réflexion, décidé de la garder ainsi car il jubilait à l'idée de faire chercher à ses invitées cette erreur de langage sur ses escaliers de marbre. Lorsqu'il arriva dans le salon, il n'avait qu'une question en tête: le remarquera-t-il?
La pièce était silencieuse. Son épouse et sa fille, muettes et pâles semblaient se servir du piano comme un bouclier. Lucie était terrée dans les bras de sa mère, les yeux figés sur ses souliers. Il s'apprêtait à interroger la cause de leur étrange comportement lorsqu'un bruit sec et saccadé attira son attention. Ses pupilles se posèrent sur un gamin qui, l'air nonchalant et ennuyé, se grattait l'arrière de la tête. La veste légèrement plus petite, le pantalon flottant sur des flancs amaigris et saillants, les mains grises et les cheveux blonds tachées d'une étrange poussière noirâtre, il ne les remarqua pas. Car Charles eut l'impression de voir le Messie, le véritable accoutrement des véritables génies. Tout ceci ne devait être qu'un farce médiocre pour que mettre d'avantage en avant la qualité exceptionnelle des écrits envoyés quelque mois plutôt. Ceux là même qui l'avaient poussés à inviter le jeune poète à Paris. Immédiatement. Aussi vite que possible. Il avait passé des nuits tourmentées à imaginer leurs longues discutions, la manière dont il introduirait son jeune apprenti – qui avait si peu à apprendre – au monde parisien. Il frémissait. Maintenant qu'il l'avait devant lui, tout le reste pouvait aller au Diable. Paris et ses rumeurs, sa femme et son enfant, son escalier de marbre.
L'enthousiasme avec lequel il accueillit le polisson en avait étonné même le chat qui, indigné par cette sale intrusion déserta aussitôt les lieux contrairement à Lucie et sa mère, qui durent dîner avec le malpropre.
« Quel âge avez vous? » Demanda l'épouse, mal à l'aise dans le silence pesant associé avec le comportement étrange de son mari qui fixait l'invité comme si sa vie en dépendait.
« 16 ans M'dame. Le... mois prochain, j'aurais 16 ans. »
« Comme moi! » S'exclama Lucie avant de replonger son nez dans son assiette, menacée par le regard maternel.
« Tu as signé C. Dyer, mais je ne connais toujours pas ton prénom! » Hurla presque Charles, riant à Dieu ne sait quoi.
« Carliste. Carliste Dyer. »
« Vos parents sont anglais? »
« Oui. »
« Que font-ils? » Continua l'épouse sur un ton craintif.
« Ils pourrissent. » Carliste prit le temps d'avaler. « Ils sont morts. »
Un court silence suivit avant qu'elle ne se sente obligée d'ajouter:
« Je suis navrée. »
« Je ne vois pas pourquoi, vous ne les connaissiez même pas. »
La suite de la soirée se déroula dans un silence irrégulièrement interrompu par des questions enthousiastes et hurlées par Charles qui, loin de remarquer la mine renfrognée de son épouse, n'avait d'yeux que pour ceux de Carliste.

{...à suivre...}
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Azkadellia Elbereth
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MessageSujet: Re: My own private Carliste   My own private Carliste EmptyMer 24 Déc - 11:58

En temps normal, je suis loin d'être fan de ce genre de texte mais là... C'est super bien écrit et je me suis laissé malgré moi emporté par l'histoire... Jusqu'à la frustration extrême du "à suivre"... Je vais finir par détester ce deux petits mots...

J'ai hâte que tu nous postes suite... teplé
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