Monsieur Tout Le Monde [ NC-16 ]

Voici une petite nouvelle que j'ai écrite le 18 février 2006, le point de vue d'écriture s'alterne entre le psychopathe et la victime.
Je reconnais que celle-ci peut être jugée violente, donc je la déconseille au moins de 16 ans.

Monsieur Tout Le Monde

Le vent tourne et tourbillonne sur le chemin de terre qu’elle parcoure dans une course éperdue cherchant à échapper à... oui... à qui ? A vrai dire, elle l’ignore, sa seule conviction reste que si elle s’arrête, elle est perdue, la mort se saisira d’elle pour l’emmener dans le Tartare. Autour d’elle... la lune devenue rougeoyante semble se repaître du spectacle que la terre lui offre à cet instant précis. Les arbres brandissent leurs bras sous les hourras répétés que le vent crie à la face du monde, encourageant les ténèbres à la suite de la jeune femme. Son regard se pose alors derrière elle, vérifiant que rien ne la rattrape, mais l’erreur lui est fatale, l’incitant à chuter sur le sol au contact d’une pierre fière et présomptueuse qui montre sa face à travers le sol boueux et rouge. Ses mains amortissent son atterrissage, l’une d’elle heurtant une seconde pierre qui entaille sa peau si pâle, du sang se mêlant à la terre brunâtre qui recueille la jeune femme. Mais déjà, son inquiétude revient, et elle se relève, des pas... oui, au loin des pas se font entendre, ce qui la poursuit se rapproche.

La course à nouveau, sa main se faisant douloureuse, mais elle ne veut pas mourir, non elle ne le veut pas... mais loin derrière elle....

.... Il le sait, elle est devant lui, son odeur lui parvient transportée par le vent... ce doux parfum de roses qu’elle portait encore ce soir, mais elle ne lui échappera pas, cette nuit sera la dernière qu’elle verra de ses yeux si pâles et transparent. « Vient ici petite souris » clame son esprit malade et tourmenté de prédateur, tandis que ses pieds l’emportent au loin dans une cavalcade effrénée. Ce soir, il fera couler le sang une nouvelle fois, non, la gamine qui s’élance devant lui sera bientôt morte comme les autres filles.

La lame d’acier brille dans sa main sous les rayons blanchâtres de la lune qui parait ensanglantée... Un astre rouge, celui qui le pousse inexorablement à tuer. Les policiers ne comprenaient pas, ils croyaient qu’il ne sélectionnait pas ses victimes, que ce qui le poussait au meurtre n’était que le hasard... mais non... l’homme avait une raison bien plus précieuse... la lune... Il suivait une jeune femme qu’il avait remarquée des semaines auparavant, et quand la lune montrait sa face sanglante, la pulsion meurtrière le reprenait, et ce soir, sa victime lui avait échappée... Petit oiseau désobéissant qu’il punirait d’un tombeau plus sale que celui des autres... d’un cadavre plus horrible à retrouver. La pluie ruisselant sur lui le fit déraper sur le sol et pousser un juron étouffé, elle subirait son courroux, cette douce enfant qu’il détruirait....

.... Elle continuait à courir, il finirait par se lasser, par l’oublier, il n’allait pas réellement la tuer... Triste ironie du sort, elle n’aurait pas dû se trouver chez elle ce soir-là, mais son petit ami et elle s’étaient disputés, et elle était restée à se morfondre devant un film. C’est ainsi qu’un homme s’était introduit dans la maison de ses parents, déclanchant l’alarme qui ne se le fit pas dire deux fois et commença à émettre un son bruyant et assourdissant. La jeune fille l’avait alors vu et prenant peur, s’était élancée dehors, courant en direction de la forêt, l’homme bloquant l’autre côté. La lame tenue par sa main ne lui avait pas laissé l’ombre d’un doute sur ses intentions : sa mort, son viole ? Non... tout ceci n’était pas pour elle, c’était impossible... Et pourtant il l’avait suivit, cherchant à la rattraper malgré la pluie tombant en trombe sur les deux êtres, ralentissant leur course à travers les ronces et les branches. Du haut de ses 16 ans, la jeune fille ne voulait pas disparaître aussi vite, non, c’était impossible, il ne pouvait pas la toucher....

.... Et pourtant, l’homme avait pour projet de la tuer, tout simplement... Une enfant malsaine pensait-il. Elle avait fauté avec son petit ami, oui, il les avait vu... Il fallait purifier son âme en la rendant à Dieu. Après tout, il lui rendrait service, mais elle ne comprenait pas la pécheresse... préférant les caresses que les mains de l’adolescent pouvaient esquisser sur les courbes de son corps d’enfant. Bientôt, il la vit enfin devant lui, la distance les séparant se rapetissant lentement, sa main se resserra autour de son arme, tandis qu’il hâtait le pas, le désir de sentir la lame s’enfoncer dans sa peau si douce devenant plus hardant. Bientôt, il la rattrapa, la saisissant par les cheveux, stoppant son avancée en la ramenant vers lui. L’acier passa sur le cou de l’adolescente, l’incitant à ne plus faire un mouvement, tandis que son autre main effleurait d’une douce caresse sa nuque. Puis ce ne fut qu’un murmure à peine audible et qui s’étira de ses lèvres bleuies par le froid : « La petite souris va bientôt être pardonnée »....

.... Elle continuait à courir et à courir, il ne fallait pas qu’il la rattrape, mais les pas se faisaient de plus en plus proche et bientôt, elle fut saisit par les cheveux, ce qui lui arracha un cri de terreur et de douleur mêlées. Et lorsque la lame toucha sa peau, un long frisson parcourut son échine, ses yeux se fermant, tandis qu’une larme s’écoulait le long de sa joue et que sa respiration se faisait haletante et perdue. Les paroles qui raisonnèrent à son oreille pendant que la main du psychopathe s’écoulait sur son corps la glacèrent lentement. Non, elle ne voulait pas mourir, il ne pouvait lui faire cela, c’était inconcevable, elle n’avait rien fait ! Oui, elle n’avait rien fait du tout ! Brusquement, un sentiment de rébellion pointa son nez au plus profond d’elle-même et le talon de son pied s’apposa brutalement sur celui qui la retenait....

.... Le coup sur son pied le fit crier puis serrer les dents, mais son arme, loin de s’éloigner, trancha la gorge du petit papillon qui s’écroula au sol tout en portant ses mains à sa blessure, cherchant à la faire disparaître sous une magie désuète. Tandis que le sang s’écoulait dans une large mare, ses doigts s’imprégnant de ce liquide pourpre et poisseux. Voilà qu’elle avait ruiné tous ses projets, ne la laissant pas la tuer comme IL le voulait.... c’était à lui de décider de sa mort, non à elle, c’était lui le maître du jeu, lui le plus intelligent, pas cette gourgandine. Sa main s’éleva pour se rabattre frénétiquement sur le petit corps que la vie quitta dans une souffrance atroce et vaporeuse, tandis que la jouissance saisissait le géni qui déchargeait sa colère de par son geste. Bien après que la vie eut disparue, il cessa ses agissements, plusieurs coups avaient été portés sur son dos....

.... Le couteau qui s’enfonça dans sa chair la terrifia, elle avait mal, sa respiration, non, elle ne pouvait plus respirer... L’air n’arrivait plus jusqu’à elle, la laissant retomber sur le sol telle une masse inerte, ses mains cherchant à refermer la blessure dans un geste désespéré et inutile. Des larmes s’écoulant le long de ses joues, la jeune fille ressentit le premier coup avec douleur, cherchant à crier, le sang au fond de sa gorge étouffa son désespoir et sa souffrance, la calfeutrant au criminel qui s’acharnait sur elle. Peu à peu, elle perdit connaissance, la douleur se dissipant, tandis que la vie s’échappait de son petit corps si fragile.

Elle dormait, paisible enveloppe vidée de son âme qui s’envolait au firmament rejoindre un autre monde plus doux, plus paisible... Oubliant ce qu’elle venait de subir, tout était tel du coton apaisant et délicat... la laissant sombrer dans l’oubli le plus total....

.... Son couteau vint bientôt longer les lignes du visage de la morte, allant même jusqu’à lui dessiner un sourire de sang, sa marque, sa carte de visite disait la police. Puis, au bout de longues et interminables minutes, il se redressa, un sourire satisfait sur ses lèvres, ayant essuyé le sang du couteau sur les vêtements de sa victime, il le rangea à sa ceinture.

Des corbeaux sur la branche d’un arbre le regardèrent s’éloigner comme si de rien n’était, laissant le petit corps dans la boue et baignant dans son sang souillé, malodorant et répugnant, tandis que l’homme qui disparaissait au loin rappelait ce monsieur, ce voisin qui vous salue sous un sourire rassurant le matin, ce « monsieur tout le monde »....

Ouah...
C'est très fort comme texte. J'aime beaucoup.Je suis scotché. Bravo!!!

C'st très beau...Oui oui beau! J'adore!

Merci beaucoup

Je suis contente si ça vous plaît, parce qu'il est vraiment particulier comme texte, et je le reconnais tout à fait x) .

Merci beaucoup (mdr, il est génial ce smiley)

Il va falloir que je fasse les placards alors x) .... mais j'ai quelques petits textes normalement.